Objectif |
Le prélèvement d’organes humains en Tunisie reste en deçà des besoins. Ceci est en partie dû au refus des familles à ce que l’on prélève les organes de leurs proches en mort encéphalique. Nous avons réalisé une enquête sur un échantillon représentatif de la population de la capitale tunisienne (2,8 millions habitants) avec comme objectif de préciser, parmi les personnes refusant cette notion du don cadavérique, les déterminants du refus pour individualiser des pistes d’action.
Méthodes |
Ce sondage d’opinion a été effectué dans la région de Tunis entre le mois de mars 2006 et le mois de février 2007. Les 16 questions de l’enquête répondaient à quatre thèmes principaux à savoir l’évaluation des connaissances, l’opinion et l’attitude du citoyen, la justification explicite du refus et les déclarations avancées en cas de refus du don d’organes.
Résultats |
80,7 % des 902 individus sondés connaissaient la greffe d’organes en Tunisie. Une personne sur deux acceptait de donner ses organes après la mort. Parmi le groupe d’enquêtés refusant le don de leurs organes après la mort, l’absence d’un plaidoyer clair a été observée dans 55,3 % des cas. L’atteinte à l’intégrité du corps après la mort ainsi que l’obstruction religieuse étaient en tête de liste des déterminants du refus avec respectivement une prévalence de 79,9 % et 63,1 %.
Conclusion |
La quête dans la relation corps et spiritualité et l’individualisme comportemental sont les deux explications de l’ampleur de ce phénomène de refus du don d’organes à Tunis.
Commentaires
Ainsi les choses se clarifient nettement tant au niveau des procédures médicales qu'au sein des familles où le débat devient inévitable. Je me souviens il y a quelques années, c'est arrivé dans ma famille. Ma mère était un peu gênée de parler de cela à ses enfants car cela implique de se projeter dans la mort, ce qui n'est pas simple pour tout le monde. Pour moi, elle savait que j'ai écrit mon testament à l'âge de 20 ans et que je suis donc très détaché par rapport à ces questions ; elle m'a demandé si j'acceptais de donner mes organes et j'ai dit un truc assez "spécial" du style "il vaut mieux se servir de la viande plutôt que de la laisser pourrir". Depuis j'ai donc ma petite carte de donneur et cela ne change absolument rien à ma vie sinon que je suis convaincu ainsi de pouvoir contribuer à sauver une vie si je meurs prématurément.
Je trouve totalement absurdes les réserves qui seraient liées aux religions. Elles enseignent généralement que l'humain aurait une double essence, spirituelle et corporelle. Leur enseignement consiste à sur-valoriser le spirituel au détriment du corporel... et que faisons nous ? Nous vénérons maladivement les corps et leur élevons des tombeaux quand ils sont privés de leur substance essentielle, celle qui perdure soi-disant ! Toute sa vie le croyant attend le moment où son âme immortelle se détachera du corps... et on refuse pourtant l'idée d'utiliser nos carcasses inutiles pour sauver des vies... C'est pourtant une autre façon, noble et généreuse, de prolonger sa propre vie.
IK